Comme si elle existait avant de naître. Comme si elle guettait dans l’avant-naissance. Elle attendit que sa future mère adopte une fille, après avoir désespéré de ne plus en enfanter, pour qu’elle naisse comme par jalousie… chassa l’adoptée et ferma la porte derrière elle. Aucun autre enfant ne naîtra après elle. Mince, sévère, attentive, résistante, elle a tout pour donner à ses rares sourires une mystérieuse et précieuse valeur. Elle a grandi dans sa solitude d’enfant unique et s’est forgé une personne peu abordable. Cependant, un de ses rares sourires me retint un jour ! Et depuis je reviens toujours scruter son visage à la recherche de la source enfouie de cette douce expression qui semblait m’être destinée.
Elle ne supporte plus mes absences, me supplie de revenir. Et pourtant je ne lui offrais que les mots. Un jour, elle m’avoua qu’elle croit fermement qu’il n’existe pas un homme aussi gentil que moi. Ce qui me permit de déduire que le fruit est assez mûr et prêt à la cueillette.
Les eucalyptus défilent vantant leur persistance en ce mois d’intense chaleur. Je ne les vois presque pas passer. Mon esprit plane ailleurs secoué cependant par des bouffées de fraîcheur que produisait l’ombre des arbres, et qui traversaient l’intérieur de la voiture. La visite d’aujourd’hui diffère des précédentes. J’arrive !
Elle m’accueille chaleureusement comme d’habitude, elle me prie de m’asseoir à ses côtés, me caresse les cheveux comme pour s’assurer que je ne suis pas un rêve. Elle est si contente, euphorique, qu’il me paraît que c’est le moment d’agir. Je l’entoure à mon tour de mon bras exagérément possessif, l’attire, l’embrasse sur la joue. J’ose… Surprise, elle sursaute, me repousse, s’éloigne de moi et commence à sangloter. Elle me fixe comme un enfant et me lance à travers ses larmes : « Je viens de perdre le grand frère que j’avais cru découvrir en toi ».
Ecrit par Bachirrr
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