mercredi 26 septembre 2018

Eucalyptus




Que de fois eucalyptus
T’es-tu précipité au bout de ma plume
Que de fois t’ai-je refoulé
Suis-je assez mûr
Pour te chanter ou te maudire
Puis-je te décrire
Tel que tu t’es gravé sur ma mémoire 
Ce cahier blanc d’enfant

Eucalyptus
Vulgaire arbre nullement attrayant 
Feuilles sardines sans queues
Abri de nids barbares
Blessures de hache
Racines squelettiques

Quel attrait aurais-tu pour moi
Si ma mère n’avait pas choisi ton ombre 
Pour me pondre
Pour me pendre à la corde de la vie
La corde cédera sous le poids de l’âge 
Mon cadavre tombera à tes pieds
Tu seras toujours là eucalyptus
Plus dur que jamais
Aucune larme sur le visage
Comme si rien n’avait bougé 
Comme si rien ne s’était éteint 
Comme si rien n’avait changé.
Tu seras toujours là
Couchant ton ombre teintée 
Tamisant la rougeur du couchant 
Témoin des vies qui défilent
Je te léguerai ma mémoire eucalyptus 
J’attendrai ta reconnaissance
Dis à ma descendance
Que ce ramassis est passé par ici.
                             
                                         Bachirrr

dimanche 16 septembre 2018

L'amour, le mariage, l'impasse



L’amour existe partout dans le monde ! C’est un sentiment humain qui parfois, il est vrai, devient une passion dévastatrice. Mais y a-t-il une chose plus douce que l’amour ? Il rapproche l’homme et la femme tellement qu’ils désirent avoir quelque chose en commun, laisser une trace de leur aventure, avoir un enfant pour témoigner dans le futur de leurs doux souvenirs... Ce qui est impossible sans passer par le chemin du sexe.

La relation sexuelle n’est autorisée chez nous que dans le cadre du mariage. Nos parents se mariaient à quinze, seize ans pour les femmes, un peu plus pour les hommes ; peu de temps après la puberté. L’amour, l’aventure, les jeux des adolescents, l’apprentissage venaient après le mariage avec tous ses succès et ses échecs. La morale se trouvait à l’abri, et tout le monde trouvait son compte si l’on excepte... les exceptions. Conclusion : l’éruption sexuelle et les aventures amoureuses étaient absorbées par les mariages précoces qu’on réalisait avec des moyens simples et sans grandes exigences.

Maintenant les jeunes gens terminent leurs études ou leurs préparations à la vie aux alentours des trente ans. Comparativement à nos parents, à la fin de leurs études ils auraient vécu plus de dix ans refoulant l’appétit sexuel, le penchant pour l’autre, le désir de l’aventure ; respectant les lois sociales et morales, affrontant leurs propres personnes qui désirent s’affirmer. Y arrivent-ils ? 

Après cette évolution, l’amour, cette statue inébranlable ; ce sentiment humain demeure le même. Il est exprimé par le même regard, le même sourire comme il y a mille ans. Il n’y a que l’amour qui ne change pas malgré les déceptions qui en résultent. Passons maintenant à l’étape qui suit la fin des études et qui commence par la recherche d’un travail, d’un logement… ces nouvelles conditions pour se marier, surtout pour les hommes... mais c’est les femmes qui en souffrent le plus. 

Imaginons une femme voyant la ménopause s’approcher, galopant à grands pas, sans entrevoir la moindre chance de se marier. Comment fait-elle pour s’épanouir, voir grossir son ventre comme celui de la chèvre qu’elle gardait, avoir au moins un enfant pour se perpétuer et vivre pleinement sa maternité ? Comment fait-elle ? S’abstenir au nom de la morale ? Commettre l’illicite ? Taire ses désirs ? Aucune réponse. 

Pourquoi les gens qui font les lois et protègent la morale ne se posent-ils pas ce genre de questions ? Pourquoi ne suivent-ils pas l’évolution dans le monde ? Et tentent de trouver des solutions aux femmes et hommes qui se trouvent dans des situations sans issues, nées du changement de la société. 

C’est ce silence et cette absence qui font que les jeunes, ayant complètement perdu confiance dans les gens sur lesquelles ils comptaient, bravent sans aucun remords ces lois immuables qui les empêchent même de revenir à la vie que menaient leurs aïeux. C’est ce silence et cette absence qui font qu’un monde parallèle où tout est permis naisse, s’élargisse et risque d’éclipser la société qui se croit organisée. La vie en famille disparaît peu à peu, ainsi que la vie en société ; l’individu, dénudé, souffrira non pas de sa solitude, mais du fait de se sentir seul tout en se trouvant parmi des milliers de ses proches…  

                                                                                               Par Bachirrr

vendredi 7 septembre 2018

Le temps perdu 3/3



L'amoureux s'apprêtait à en finir
Comptant redevenir l'homme d'antan
Intègre et défiant les désirs
Et que n'appâtait guère l'excitant

Mais la Mort surgit et le prit à part
Lui rappela l'heure de trépasser
Prépare-toi il fait déjà tard
La vie d'ici bas tu l'as traversée

Il n'osa la regarder en face
Il suivait désespérément des yeux
Les gibiers de sa lassante chasse
Le fuir sans crainte vers d'autres lieux

Qui se coller aux charmes attrayants
De sa chère bien-aimée d'hier
Qui leurrer le visage flamboyant
Qui pleurer son mal et sa misère

Qui fouiner sous d'intimes chemises
Et s'amuser à caresser les ventres
Des femmes à leurs portes assises
Miroitant la tendre chair à vendre

Qui courir follement dans tous les sens
Pour s’emparer de l’insaisissable  
Qui vanter sa belle existence
Sans trop penser à l'inévitable

Allons ami c'est l'heure de ta fin
Annonça la bête effroyable
Tu vois bien que rien n'est certain
Ici bas et rien n'est durable

O faucheuse se plaignit l'amoureux
Tu aurais dû d'abord me prévenir
Sache que mes jours furent malheureux
Et je n'ai pas vécu mon avenir

Mais tu l'a gaspillé dans ton passé
Répondit la bête d'un air moqueur
De toi la vie s'est déjà lassée
Viens que je désamorce ton coeur.

                                 Par Bachirrr

Le temps perdu 2/3




Tiens, tiens! Voici quelques sourires 
Qui de ses tréfonds s'étaient détachés
Il pensa qu'ils allaient s'en réjouir
Mais le voyant coururent se cacher

Dans un terrier ils disparurent
Il s'assit là guettant leur sortir
Le trou était étroit et obscur
Etouffés vite ils se rendirent

Il les mit dans son sac en constatant
Qu'un sourire s'envolait sans retour
Il le vit s'en aller des ailes battant
Ce fut le premier qu'enfanta son amour

Il s'enfonça encore dans son passé
Ramassa ça et là quelques regards
Il les surprit lorgner qui les chassait
Et dresser pour les éloigner un rempart

Il s'empara des larmes déversées
Qui abîmaient la nuit son oreiller
Qui de ses profondeurs jaillissaient
Qui de son sommeil le réveillaient

Enfin tout fut tassé dans le couffin
Et s'approcha la fin de l'aventure
Je détiens en main mon destin
Dit l'amoureux fier de sa capture

Il est temps que j'absorbe mes larmes
Qu'elles regagnent les cellules mères
Qu'elles refaçonnent vite mon charme
Qu'elles aplatissent les rides de ma chair

Il est temps que je noie mes sourires
Qu'ils s'enlisent au fond de mes remords
Qu'ils ne peuplent plus mes souvenirs
Qu'ils ne s'esquissent qu'aux vraies aurores

Et j'espère rêva-t-il attirer
Vers mon esprit les mots à tort sortis
Ecoutés mais jugés démesurés
Que je regrette qu'ils soient partis!

                         A suivre...

Le temps perdu 1/3



C'est drôle ce qu'elle a changé
S'exclame l'amoureux un terne soir
Dans quel tiroir m’a-t-elle rangé
Au fond de son coeur ou de sa mémoire

A sa vue elle détourne le visage
Et son dos lui s'offre porte close
L'ignoré passe taisant sa rage
Et tente de penser à autre chose

Bête il crut à une coïncidence
Mais le geste se répéta maintes fois
Et fit naître l'atroce souffrance
Qui ébranle son espoir et sa foi

Une nuit il s'apprêtait à dormir
Quand lui vint l'idée de se venger
Et s'accentua alors son désir
Comment à cela n'ai-je pas songé

Il décida d'agir le lendemain
Il refera le long chemin du passé
Il n'oubliera pas son grand couffin
Il y mettra ce qu'il doit ramasser

Il se jura d'inspecter tous les coins
Où il s'est généreusement offert
Il raflera les joies et les chagrins
Pour apaiser son mal et le taire

Ce fut le dernier mot prononcé
Qu'il retrouva dès sa reculade
Il l'arracha alors de sa pensée
L'ayant jugé insensé et fade

Il le fourra au fond de son couffin
L'observa un moment se débattre
Mais en vain toute chose a sa fin
Même celle dure à combattre

Le moment de l'émotion vite passé
Il continua sans tarder son chemin
Tant de traces restent à effacer
Si près de lui et encore plus loin

                            A suivre...