Hé... !
Je t’ai cueilli tout petit. On t’avait jeté à la rue. Tu tendais la main aux passants. Tu étais ordure sur le trottoir.
Je t’ai élevé comme mon propre fils, une façon d’atténuer la peine de ne pas en avoir. Je n’ai jamais osé te choquer et, crois-moi, j’ai eu des raisons de le faire. J’avais peur cependant de te perdre, perdre la chose où se déferlait toute mon affection.
Et voilà maintenant que tu me sautes au cou, pas pour m’embrasser. Tu m’étrangles.
Voilà que tu me menaces, que tu prétends que tous mes biens t’appartiennent. Tu oses m’insulter, me traiter d’aliéné. Et je n’ose lever les yeux de crainte de me heurter à la perte de l’enfant tant chéri, tant adoré, qui t’habitait.
Je n’arrive pas à croire que ces mains d’acier qui m’étouffent sont celles petites et fragiles d’autrefois qui ont durci.
Que veux-tu que je te dise si je ne te demande pas pardon ? Pardon ! J’ai commis une erreur. Je ne t’ai appris, de la vie, que son côté tendre. Il t’est légitime donc de te révolter, d’aspirer à bien en connaître le revers.
Lâche-moi alors ! Permets-moi de réparer le tort ! Lâche-moi que je te donne l’ultime leçon ! Je viens juste de me la rappeler.
Regarde comme je dégaine mon arme ! Regarde comme je la pointe vers toi ! Ecoute mon ordre ! Retourne-toi, avance, vite, quitte ma terre ! N’y reviens plus !
Et si au crépuscule tu n’as pas encore franchi les frontières de mes champs, et que tu entends l’appel à la prière du coucher, et qu’il reste en toi un brin de foi ; fais la prière ! Dieu m’interdit de t’en empêcher. Mais garde-toi à la fin de ne pas passer la main sur ton front ! Car, si par hasard, un seul grain de sable de ma terre y reste collé, je n’aurai plus la patience de ne pas te l’ôter, me servant de mon arme.
Et sache bien qu’une balle partie de l’éclatement d’un cœur ne se trompe guère de cible.
Hé... !
Si jamais il revenait prendre refuge en toi, le gamin, montre-lui le chemin du retour !
Par Bachirrr
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