lundi 16 juillet 2018

Nous les mendiants


 
   
Nous frappions longtemps aux portes
Nous attendions longtemps une réponse
Mais chaque fois nous répondait le silence
Les maisons nous semblaient mortes
     Et le semblant n’est pas forcément vérité

Tout vivait bien heureux là-dedans
notre approche tout s’éteignait
Les habitants sans doute nous craignaient
On était des miséreux mendiants
    Des gens pitoyables et sans dignité

Personne n’osait nous sourire
Nous consoler d’un mot apaisant
On ne savait pour quelle raison
S’obstinaient-ils tant à nous fuir
    Avaient-ils horreur ou peur de la pauvreté

Lassés d’être longtemps repoussés
Nous décidâmes de nous unir un soir
Les aisés dormaient il faisait noir
Nos chairs se plaignaient d’être défoncées
    Par les ongles d’une misère combien entêtée

Nous quittâmes alors nos lits de carton
Témoins de nos nuits sans saveur
Pleines de chats sombres de couleur
Dont le miaou était si strident
    Tel le cri d’un enfant au sommeil hanté

Nous avions voulu changer d’univers
Et nos bras galvanisés de besoin
Enfoncèrent les portes des magasins
L’or tinta contre nos mains de pierre
    Nous vîmes notre avenir de bonheur se tacheter

Les bijoux et l’argent volés
Nous hissèrent parmi les respectables
Des gens nobles aux lois inviolables
Le vin fin et la viande rissolée
     Ornent toujours la table de leurs invités

Il nous sembla que les cœurs avaient changé
A l’entour tout avait pris un autre air
On fut accueilli en haut lieu à bras ouverts
Un honneur auquel nous n’avions guère songé
      Nul ne savait qu’un voleur est ainsi respecté 

Mais vint un jour où des bras véhéments
Se déplièrent violemment et brandirent
Des doigts raides et accusateurs qui nous firent
Souvenir de notre sale vie de mendiant
    Nous dépouillèrent de l’honneur acquis et la liberté

On nous accusa d’avoir été mendiants autrefois
D’avoir aussi altéré le sommeil de leurs enfants
D’avoir été naguère si gais et si contents
D’avoir aussi envahi la sacrée cour des rois
   Et le vol commis l’autre nuit ne fut pas cité

Sur les murs sombres de nos cellules 
Nous sculptons nos rêves ce paradis
Pour nous passer d’une existence affadie
Peu importe si elle avance ou recule
   Nos songeries nous évitent de l’affronter.

                                        Par Bachirrr


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