Nous frappions longtemps aux portes
Nous attendions longtemps une réponse
Mais chaque fois nous répondait le silence
Les maisons nous semblaient mortes
Et le semblant n’est pas forcément vérité
Tout vivait bien heureux là-dedans
A notre approche tout s’éteignait
Les habitants sans doute nous craignaient
On était des miséreux mendiants
Des gens pitoyables et sans dignité
Personne n’osait nous sourire
Nous consoler d’un mot apaisant
On ne savait pour quelle raison
S’obstinaient-ils tant à nous fuir
Avaient-ils horreur ou peur de la pauvreté
Lassés d’être longtemps repoussés
Nous décidâmes de nous unir un soir
Les aisés dormaient il faisait noir
Nos chairs se plaignaient d’être défoncées
Par les ongles d’une misère combien entêtée
Nous quittâmes alors nos lits de carton
Témoins de nos nuits sans saveur
Pleines de chats sombres de couleur
Dont le miaou était si strident
Tel le cri d’un enfant au sommeil hanté
Nous avions voulu changer d’univers
Et nos bras galvanisés de besoin
Enfoncèrent les portes des magasins
L’or tinta contre nos mains de pierre
Nous vîmes notre avenir de bonheur se tacheter
Les bijoux et l’argent volés
Nous hissèrent parmi les respectables
Des gens nobles aux lois inviolables
Le vin fin et la viande rissolée
Ornent toujours la table de leurs invités
Il nous sembla que les cœurs avaient changé
A l’entour tout avait pris un autre air
On fut accueilli en haut lieu à bras ouverts
Un honneur auquel nous n’avions guère songé
Nul ne savait qu’un voleur est ainsi respecté
Mais vint un jour où des bras véhéments
Se déplièrent violemment et brandirent
Des doigts raides et accusateurs qui nous firent
Souvenir de notre sale vie de mendiant
Nous dépouillèrent de l’honneur acquis et la liberté
On nous accusa d’avoir été mendiants autrefois
D’avoir aussi altéré le sommeil de leurs enfants
D’avoir été naguère si gais et si contents
D’avoir aussi envahi la sacrée cour des rois
Et le vol commis l’autre nuit ne fut pas cité
Sur les murs sombres de nos cellules
Nous sculptons nos rêves ce paradis
Pour nous passer d’une existence affadie
Peu importe si elle avance ou recule
Nos songeries nous évitent de l’affronter.
Par Bachirrr
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